Hard Alpi Tour 2018 vécu par Romuald Wrzecian

Pourquoi suis je là ?

Hard Alpi Tour 2018

Cette année encore, je me suis inscrit au HAT, (le Hard Alpi Tour). C’est une balade dans les Alpes Italiennes où nous roulons sur des pistes et de petites routes de montagne avec nos gros trails. Il n’est pas question de chrono, simplement d’arriver dans les temps de notre catégorie en ayant suivi le tracé imposé.
Il existe trois catégories, Discovery 12H , Classic 24H et Extreme 42H ; pour la seconde fois je vais faire l’extrême. Pour cette dixième édition, un regroupement est prévu à Barcelonnette, ainsi certains pourront profiter du Moto Festival avant de prendre la direction de San Remo pour le départ. J’en fais partie : après quatre heures de routes à virolos, nous arrivons donc à 18heures sur le parking que l’organisation a investi !
Les vérifications administratives effectuées, je pose un autocollant sur la bulle indiquant que je fais l’Extrême. Je rejoins le parking afin de retrouver les deux autres motos de mes coéquipiers, Miguel et Olivier, deux Suisse. J’ai déjà roulé les deux fois précédentes avec Miguel : la première fois sa moto avait fait six tonneaux avec une GS neuve, le châssis avait été tordu mais cela ne l’avait pas empêché de finir la balade ! Aujourd’hui il roulera avec une vieille KTM 640 et cette année une question revient sans cesse à ses lèvres : pourquoi suis-je là ? Le second larron, Olivier roule avec une Africa Twin dernier modèle.

Nous ne pouvons pas faire deux pas sans rencontrer un ami ou une connaissance. Ici c’est comme dans les réunions de famille, nous nous retrouvons avec plaisir, donnons des nouvelles, échangeons sur nos dernières sorties et sur celles à venir. Ainsi je retrouve David Zimmermann qui avait roulé avec nous lors de ma dernière participation, nous échangeons sur son dernier voyage (vous avez le résumé dans le premier numéro du Magazine Voyages à Moto).

Nous avons à peine de le temps de baisser la pression de nos pneus qu’il faut déjà nous rendre au Casino où auront lieu la présentation de la nouvelle Yamaha 700 Ténéré, le repas ainsi que le briefing d’avant départ. Cette année certainement par inconscience, j’ai fais le choix de partir avec des TKC 70, je dois être le seul de l’extrême à ne pas avoir de crampons… Une boule dans mon ventre me fait penser que ce n’est peut être pas très malin ! Il a plu sur le parcours, s’il devait pleuvoir de nouveau, la piste pourrait devenir impraticable et encore plus sans crampons ! A 4 heures du départ, il est trop tard pour penser à changer mes montures…

Yamaha tenere 700 La présentation de la nouvelle Ténéré avec David Frétigné est un moment où nous ne prenons pas autant de plaisir qu’en temps normal, nous sommes déjà sur la piste dans nos pensées, les questions arrivent en grand nombre dans nos têtes, la météo, les phares additionnels vont ils bien fonctionner, qu’ai-je oublié de prendre, vais-je arriver indemne à l’arriver, suis-je vraiment prêt à passer deux nuits de suite sur une moto à rouler en montagne et, bien sûr, pour Miguel : « Pourquoi suis-je là ? »

Le repas est le moment que je choisis pour téléphoner à ma famille, je n’aurai plus le temps après et j’ai toujours cette boule au ventre !

Nous voici maintenant au briefing, le départ est dans une heure.

Un morceau le l’hymne national de chaque pays représenté est diffusé, mespoils se dressent lorsque je chante avec d’autres Français notre Marseillaise ! C’est aussi le moment de voir l’intérêt grandissant de cette manifestation : nous somme 480 participants venant surtout d’Italie, de France, de Suisse mais aussi de Pologne, Suède ou même d’Australie !

Mon équipe décide d’écourter ce rassemblement pour manger une glace italienne avant le départ, nous regagnons nos motos pour faire nos dernières vérifications et mettre nos équipements.

Les premiers prennent le départ, nous sommes l’équipe 27, comme à chaque fois l’organisation est débordée et chaque équipe veut partir rapidement ; ainsi nous nous faisons doubler, mais est-ce vraiment important de prendre le départ avec 20 minutes de retard sur l’heure prévue ?

Nous commençons par faire le tour de la ville et passons devant le casino où la photo officielle des équipes est prise. Les gens dans la rue nous applaudissent, j’ai l’impression d’être un athlète de haut niveau !

 

Il est minuit lorsque nous quittons Sanremo. Nous commençons par longer la Méditerranée vers l’ouest pour bifurquer au nord. Rapidement nous roulons sur la première piste, elle est technique : de gros pavés romains sur lesquels nous trouvons des cailloux de différentes tailles. Je suis en troisième position, la poussière des autres équipes additionnée à celle de mes équipiers transforme l’écran de mon casque en un filtre opaque, je repense à la question de Miguel, « pourquoi suis-je… ? »

Plus tard nous aurons du brouillard, je redoute surtout la pluie, c’est maintenant une certitude, si nous devions avoir beaucoup d’eau mes pneus m’obligeront à retarder mon équipe. Il est aux environs d’une heure du matin lorsque que nous arrivons à la fin de la première étape, l’arrêt est rapide, la carte de passage visée, nous avalons un café ou un jus d’orange et repartons aussitôt. Les pistes techniques se succèdent. La température descend sous les 8 degrés, dans mon casque j’ai mis de la musique afin de moins ressentir le manque de sommeil, mes équipiers roulent plus vite que moi. Nous nous retrouvons à la fin des pistes, sur routes mes pneus font merveilles et je les suis sans souci ! J’aime le moment où la nuit arrive à sa fin. Ce moment fut magique : nous roulions sur une piste avec au loin la mer, je n’ai pas pris le temps d’une photo et je le regrette.

Durant la nuit Miguel a eu des soucis avec sa monture : le phare avait cessé de fonctionner et il a perdu quelques boulons ! L’Africa et ma GS de 2011 n’ont pas trop souffert.

 

La fin d’une étape coïncidant pour nous avec le petit déjeuner, nous nous sommes arrêtés dans un hôtel où l’organisation avait prévu un chanteur avec une guitare devant des motards poussiéreux qui auraient surement préféré dormir quelques minutes. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait pendant qu’Olivier faisait le plein de l’Africa et que Miguel regardait son problème électrique. Après cet arrêt de 15 minutes nous avons repris notre route à une allure qui dépassait parfois les 80 km/h réglementaires chez nous mais sur des pistes jonchées de caniveaux faisant évacuer l’eau et nous servant de tremplins !

A l’heure du déjeuner, nous sommes à Garessio le lieu du départ des huit premiers HAT. Une tente est montée. Des équipes dorment à l’extérieur sur une estrade, après un rapide déjeuner, je reprends la trace en direction de Trende en utilisant la piste de la route du sel. C’est une piste à péage magnifique où on ne doit pas dépasser les 20 km/h. Nous avons plus de quatre heures d’avance sur l’organisation lorsque nous quittons Limone et ne restons pas pour attendre l’ouverture du point dîner. Nous apprendrons plus tard que nous étions les premiers, suivis de peu par l’équipe Polonaise. La deuxième nuit commence avec des passages boueux. Nous roulons sur des pistes que je connais déjà très bien : je peux prendre plus de vitesse, et évidemment, je finis par coucher la moto, heureusement sans gravité. Miguel qui me suivait y laissera un morceau de son garde-boue avant. Il m’expliquera plus tard qu’il avait préféré toucher ma moto plutôt que de me rouler dessus, merci à lui !

Comme tous les ans pour arriver à Sestrière nous empruntons la piste de l’Assietta, ce sera la cinquième fois pour moi cette année ! Avant la fin nous bifurquons sur la droite en direction d’Oulx par une descente infernale. La roue arrière souvent bloquée, la roue avant en rupture d’adhérence, mais quel bonheur ! Nous finirons par des pistes passant sous des remontés mécaniques, un vrai plaisir ces derniers kilomètres !

Après 38 heures de moto dont 4 heures de repos au petit matin du deuxième jour et une crevaison qui nous a fait perdre une bonne heure, nous passons la ligne d’arrivée, avec bonheur.

L’Africa d’Olivier n’aura eu aucun souci, ma GS a un arceau légèrement plié et une ampoule de changée, la KTM a consommé de l’huile, perdue de nombreux boulons dont ceux de la béquille !

J’ai la réponse à la question de Miguel : nous sommes là pour le plaisir de rouler de nuit sur des pistes pas toujours faites pour nos motos, pour le plaisir de pouvoir regarder dernière nous en disant : « je l’ai fait », et peut- être encore plus pour partager un bon moment avec nos amis.

A l’année prochaine ?

 

 

 

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Un commentaire

  1. Bravo Romuald pour cet article qui reflète bien ce qu’a été ce Hardalpitour, épreuve d’endurance devenue mythique tout en restant accessible au « commun des mortels » motard…

    Nous l’avons réalisé pour la deuxième fois avec nos deux 600 Ténéré ainsi qu’un 750 Super T + une crevaison et ce fut à la fois magnifique et… intense. J’ai juste regretté de ne pas avoir suffisamment profité… des paysages.

    En tout cas les italiens à commencer par Corrado CAPRA nous montrent ce qu’ils savent faire et je leur tire mon chapeau, car je ne suis pas sûr que ceci soit réalisable côté français (Alpes).

    Ceci dit on voir bien que le nombre d’amateurs de ce genre de raid (en plus soft) explose en France entre la Vercingétorix, le Paris Dunkerque et bien d’autres comme dans le sud-est dont je n’ai plus le nom à l’instant, prouvant s’il en était besoin que la pratique de la moto tout terrain n’est pas du tout incompatible avec le respect de l’environnement, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire en cette époque de culpabilisation permanente sur un peu tous les sujets.

    Au plaisir de te lire ou entendre à nouveau avec tes videos, ou de te rencontrer sur place ou ailleurs pour de nouvelles aventures qui nous sortent agréablement de cette atmosphère délétère du quotidien !

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